Kleitus

- Je suis Kleitus, je serai un gardien.

Voilà comment je me présentais encore il y a peu. Suvient-toi, Alysia, c'est toi qui me disais toujours ça. Toi, ma petite soeur, celle que j'ai toujours protégé des tourments de la vie, ici à Tarantia.
Toujours tu as eu mon bras protecteur pour toi, et il a tenu à distance les mendiants, les bandits, et que sais-je encore...
Oui, je serais un de ces gardiens, fiers soldats en armure brillante, chargeant et repoussant les ennemis, invincibles. Et tu aurais été fière de moi...

Puis il y a eu ces Stygiens... Ils n'étaient pas mauvais, n'est ce pas? Ils étaient tes amis, et je ne les ai jamais vu faire d'entourloupe. Je t'ai toujours protégée, mais tu grandissais, et tu avais aussi besoin d'eux. Celà a duré combien? 2, 3 ans peut être? Parmi ces Stygiens plusieurs étaient jeune, mais un ou deux étaient plus âgés. Leurs parents, disaient-ils.
Mais jamais je n'oublierai ce jour maudit où les gardiens, ces mêmes gardiens que je devais rejoindre, sont arrivés.

"Les Stygiens sont accusés d'avoir utilisé leur vile magie pour commettre un terrible assassinat, et votre soeur est complice." Un noble avait été retrouvé massacré, on aurait dit une sorte de rituel... Et tu sais combien les Aquiloniens ont peur de la magie, petite soeur.

Quel choc... Ce n'était pas possible, hein Alysia. Tu étais innocente et je le savais. Mais tu connaissais le secret de ces Stygiens. Tu as été abusée par leur gentillesse, n'est ce pas? Les vieux n'étaient pas les pères, mais les maîtres, et comme par hasard ils n'ont pas été capturés. Mais tu as été exécutée quand même...
Je suis allé, la nuit, te détacher de ta potence. Je t'ai donné une sépulture digne de ce nom. Et j'ai voulu comprendre, pourquoi as-tu gardé le secret des Stygiens?

En te serrant une dernière fois contre moi, j'ai senti cette bague à ton doigt. D'où venait-elle, tu n'as jamais eu d'amant, et cette bague dégageait une aura inquiétante. Alors je suis parti à Khemi, et j'ai cherché.
Un soir, alors que je rentrais, un peu éméché, de la taverne, j'entendis une voix m'appeler:

- Kleitus, je sais ce que tu cherches, vient à moi.

Je dégainais mon arme mais, inutile. L'homme n'était pas belliqueux. Il me rassurait, même:

- N'aie crainte jeune Aquilonien, tu n'es pas discret dans tes recherches et tu risques de finir dans une de ces ruelles, la gorge tranchée si tu n'y prends pas garde.
- Quelle importance pour toi, Stygien?
- Peut être que tu as de l'importance, Kleitus, me dit-il en me jettant un regard pénétrant.

Tu sais ce qu'il me voulait, tu étais comme lui je le sais... Et j'ai appris. J'ai su.

Depuis je suis allé voir ce culte interdit. J'ai appris par le chemin que tu as suivi, Alysia. Appris la haine pour ces "défenseurs du juste" capables de tuer une jeune femme qui n'a pas commis ce crime. Appris sur ce qui t'avait attiré là-bas. Enfin, surtout, appris le vrai pouvoir, et la vraie force de la protection.
Une armure, c'est bien... Mais il existe des pouvoirs incroyablement puissants que l'on craint à Tarantia.
Tu sais comme moi que je ne peux consigner d'information sur Lui par écrit, surtout pas ici, à Tarantia. Mais tu n'en as pas besoin... Tu sais ce que j'y ai appris, et tu sais quel est son nom.

Je jure que je te protègerai encore, petite soeur. Tu n'es pas la physiquement, mais je sais que ton esprit, lui, est là. Je suis les voies de ton ancien mentor. Je sais que bientôt, je pourrai te parler, t'entendre à nouveau. Et ce jour-là, aucun de ces gardiens corrompus ne t'approchera plus.

Je serai là, Alysia. Je suis Kleitus, je suis un Templier Noir.

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Mon maître me guide, et j'exterminerai ces misérables pourceaux qui se pensent civilisés, mais ne méritent même pas cette vie. Mon maître, leur sang sera à toi.