Judaa le borgne

« Mais va mirer tes miches ailleurs ! Saloperie ! » j'lui dit, en lui lançant ma chique de lotus dessus, puis ma main dans la gueule. C'est toujours pareil avec ces filles là. « Oui... Non... Mais tu vois, s'pas facile en s'moment... Moi en échange, comme à l'acoutumette ? »
Pas fou, j'dis pas non. Mais bon, faut qu'elles se carrent dans le crâne qui faut pas en profiter pour taper dans nos stocks. C'est à nous, s'tout. V'là comment elles nous disent merci. Nan mais c'est marre, là, on les sort de leur noble vie minable, on les sape, on leur donne un boulot, et elles se tirent... j'comprends pas. Elles s'sont jamais plaintes, en arrivant ici. Fallait bien faire quelqu'chose, d'ailleurs, on commençait à être trop reconnu, sur les routes. Ouais bon, dans le genre discret, une semie caravane d'esclaves mi riches, mi moisis, et re mi riches derrière, on repassera... Quand j'y repense, haha, si la moitié des glandus du coin savaient d'où y venaient, nos esclaves, on s'rait tous raides pendus au bout d'une corde. Bon, c'est vrai qu'avec la langue coupée, ça limite la portée de... de...

Trop aspiré par ses pensées, Judaa perd l'équilibre. Eh oui : si profiter des joyaux psychotropes, avec tout l'entrain que ceux-ci méritent, peut être considéré comme un art de vivre, il faut néanmoins ne pas oublier l'un de ses besoin vital : respirer. Tout se paye ici bas, et s'ouvrir au « monde parallèle du pays des merveilles » a un certain prix.
L'homme réussit tant bien que mal à se trainer vers un amas de vieilles fripes où il fait bon de s'y vautrer. Un large trou dans le mur laisse entrevoir les toits de la ville et le ciel étoilé.

De l'air. Un coussin ! Tiens, le ciel. Noir flou, avec du vert luisant en picot, partout. Waoh.

Judaa reste ainsi, l'air hagard et le regard dans le vide une bonne heure durant. Peu à peu, les effets se dissipent et tout redevient à peu près « normal ».

S'rait p'têtre le temps de mettre les voiles, on s'encroute ici. Regarde moi ce taré de Melom, une plombe qu'il est plus là. Pas foutu d'ramener d'quoi se caler une dent. Et y'en a bientôt plus.
Mort ? Ouaais, mort, les pieds en devant, par la racine, sa peau raide tannue comme une saloperie d'lézard poilu, la... Pffiiuout !

Ya un dicton qui dicte : « R'garde par d'ssus ton épaule, et du passé fais en une table en marbre » un truc dans ce brin la... Passé... Moi... route, nous, eux, esclaves, nous riches, eux rageux, esclaves esclaves esclaves, nous riches et dans la merde, eux, elles !, filles, ville, nous tranquilles, trafic, lotus lotus lotus... Ouais, une année bien remplie. Cette foutue table et son gros lard affalé d'ssus n'ont pas bougé d'un pouce pourtant.

Où est passé cette foutue poche... Parfait, pile de quoi s'en caler une dernière !

Putain, ce navire tangue ! Vite ! Ma lame...
« Aha ! Baratte de capt'aine Kéresis ! Crève enfluuure ! RE-VOL-TE !
- Bon sang mais repose ça ! T'sais plus t'en servir, t'vas blesser quelqu'un abruti...
- T'es sur « terre », si tu sautes par d'ssus bord, c'est l'pavé qu'tu vas manger !
- ...
- Allez Judaa, il a raison. Pose ça et viens t'en jeter un avec nous. L'est pas mal ce vin, tu verras.
- Pourritures d'rats d'fond d'cales, 'finirez comme vos mères... J'vous ai d'jà raconté la fois où ... »

Oui, bien sûr. Au moins trois cent fois. J'aime bien me souvenir d'tout ces trucs, c'était l'bon temps. S'qu'on s'en est mis plein les fouilles aussi ! La razzia du temple de... de... Ouais, la razzia du temple de Pétaouchnok, s'tait surement ça, ça c'était vivre ! Hey connard ! Te r'tourne pas d'suite mais t'as un bras en moins ! Ahahahahaaa... R'partis chargés comme des mules pour finir bourrés comme des porcs, la grande vie.
Mime de rien, ça m'fait penser que j'mène une vie d'barreau d'chaise façon poisson-scie édenté. Ouais, à peu d'chose près c'te bête la. Ca veut dire que... là, on s'en met plein l'crâne donc là, va y'avoir un truc neuf.

Quelqu'un frappe à la porte.

Bingo.




Hrp :et bien voilà Judaa, premier personnage d'une longue série !

Après la Pléiade Obsidienne sur Wow, nous voilà repartis comme au bon vieux temps

Actuellement sans avenir, il va vous falloir me (re)découvrir ! Bon jeu à tous, et que l'aventure commence !